Armande ou le Chagrin de Molière
- Editions Presses de la Cité
- Editions Pocket
Dans l’histoire de la vie de Molière, sa femme Armande Béjart a mauvaise réputation. Elle est généralement regardée comme celle qui, à force d’infidélités, a rendu Molière très malheureux. André Versaille a voulu lui donner la parole pour lui permettre de raconter leur vie commune de son point de vue à elle.
Vingt-six ans après la mort du dramaturge, et, au terme d’une existence remuée de théâtre, de passions amoureuses, de libertinage et de déceptions, Armande, retirée de la scène, et sentant sa fin prochaine, décide de faire le point sur sa vie en s’adressant à Molière défunt.
« Nous étions tous deux malheureux. Toi de mon désamour ; moi, de me sentir prisonnière. Tu vivais dans le souvenir d’une flamme qui n’était plus que la tienne. D’où donc te venait cette force qui s’obstinait à maintenir ce fantôme vivant ?
C’était de moi qui te tourmentais que tu attendais la délivrance. De moi qui, déjà si loin de toi, ne parvenais même plus à considérer ta douleur quand bien même j’en étais la cause. J’avais rêvé d’une manière de nous désunir sans nous déchirer, de nous rapprocher sans nous rejoindre. Je n’étais plus amoureuse de toi, je voulais être libre, mais quoi que je fisse pour me séparer, je ne parvenais pas à renoncer à toi. »
Pendant près d’un an, elle s’astreindra à tenir ce journal à travers lequel nous découvrons à la fois l’aventure haute en couleur de la troupe la plus célèbre du théâtre français, et un portrait de Molière regardé depuis les coulisses et depuis l’alcôve. Au fil de son récit, elle ne cesse de s’interroger. Comment a-t-elle été formée par Molière, mais aussi comment s’est-elle émancipée de lui ? Comment a-t-elle joué ses grands rôles ? Comment a-t-elle réagi en découvrant qu’elle fut le modèle de la Célimène du Misanthrope ? Qu’est-ce qui a entraîné son désamour, sa première infidélité, puis son basculement dans le libertinage ? Et, elle qui sa vie durant fut une éternelle benjamine, comment, arrivée à l’âge mûr, a-t-elle vécu son amour pour Michel Baron, de onze ans plus jeune qu’elle, fils spirituel de Molière et qui deviendra le comédien français le plus renommé de la fin du XVIIe siècle ? Et si, enfin, elle était passée autant à côté d’elle-même que de son mari ?
Une magnifique perdante ?