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Le Blog de Voltaire

Mais comment éduque-t-on nos filles !

Il y a quelques provinces en Europe où les filles font volontiers l’amour, et deviennent ensuite des épouses assez sages. C’est tout le contraire en France : on enferme les filles dans des couvents, où jusqu’à présent on leur a donné une éducation ridicule.

Leurs mères, pour les consoler, leur font espérer qu’elles seront libres quand elles seront mariées. A peine ont-elles vécu un an avec leur époux qu’on s’empresse de savoir tout le secret de leurs appas. Une jeune femme ne vit, ne soupe, ne se promène, ne va au spectacle, qu’avec des femmes qui ont chacune leur affaire réglée ; si elle n’a point son amant comme les autres, elle est ce qu’on appelle dépareillée : elle en est honteuse ; elle n’ose se montrer.
Les Orientaux s’y prennent au rebours de nous. On leur amène des filles qu’on leur garantit pucelles sur la foi d’un Circassien. On les épouse, et on les enferme par précaution, comme nous enfermons nos filles. Point de plaisanteries dans ces pays-là sur les dames et sur les maris ; point de chansons ; rien qui ressemble à nos froids quolibets de cornes et de cocuage. Nous plaignons les grandes dames de Turquie, de Perse, des Indes ; mais elles sont cent fois plus heureuses dans leurs sérails que nos filles dans leurs couvents.

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