Il faut combattre sans cesse. Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la ressuscite.
Les Chaldéens, les Syriens, les Egyptiens attribuèrent quelque chose de divin à la combinaison des lettres, et à la manière de les prononcer. Ils crurent que les noms signifiaient par eux-mêmes, et qu’ils avaient en eux une force, une vertu secrète. Ils allaient jusqu’à prétendre que le nom qui signifiait puissance était puissant de sa nature ; que celui qui exprimait ange était angélique ; que celui qui donnait l’idée de Dieu était divin.
Cette science des caractères entra nécessairement dans la magie : point d’opération magique sans les lettres de l’alphabet.
Cette porte de toutes les sciences devint celle de toutes les erreurs ; les mages de tous les pays s’en servirent pour se conduire dans le labyrinthe qu’ils s’étaient construit, et où il n’était pas permis aux autres hommes d’entrer. La manière de prononcer des consonnes et des voyelles devint le plus profond des mystères, et souvent le plus terrible. Il y eut une manière de prononcer Jéhova, nom de Dieu chez les Syriens et les Egyptiens, par laquelle on faisait tomber un homme raide mort.
Saint Clément d’Alexandrie rapporte que Moïse fit mourir sur-le-champ le roi d’Egypte Nechephre, en lui soufflant ce nom dans l’oreille ; et qu’ensuite il le ressuscita en prononçant le même mot.
Rien ne retarda plus le progrès de l’esprit humain que cette profonde science de l’erreur, née chez les Asiatiques avec l’origine des vérités. L’univers fut abruti par l’art même qui devait l’éclairer.
L’alphabet fut l’origine de toutes les connaissances de l’homme, et de toutes ses sottises.