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Jean de la Fontaine Œuvres

Sources et Postérité d’Ésope à l’Oulipo

Jean de la Fontaine Œuvres

La Fontaine, nous le savons, s’est généreusement inspiré des sources les plus variées : les sujets de ses fables sont tirés d’Ésope ; Phèdre, Abstemius ou Pilpay, et les thèmes de ses contes d’Ovide, l’Arioste, Rabelais, Marguerite de Navarre...
Voici, pour la première fois, les fables et les contes accompagnés des textes de leurs sources. Par ces rapprochements, non seulement nous mesurons ce « miracle de culture » dont parle Gide, mais surtout nous pénétrons dans le laboratoire poétique de La Fontaine : la comparaison nous fait saisir au vol l’imagination qui arrive, la philosophie qui s’introduit, la gaité qui fleurit, l’originalité qui surprend...

Ce volume ne contient pas seulement l’ensemble des œuvres du poète (Psyché, Adonis, Le Songe de Vaux, etc.) : La Fontaine a suscité mille jugements dont les plus stimulants, signés Voltaire, Rousseau, Barbey d’Aurevilly, France, Valéry, Fargue, ou Claude Roy, sont ici réunis, mais surtout, le fabuliste qui a puisé tout ce qu’il a pu chez les autres, a été à son tour une intarissable source d’inspiration. Aussi cet ouvrage se referme-t-il sur un large florilège de pastiches et adaptations des célébrissimes fables travesties avec bonheur par Tristan Corbière, Aurélien Scholl, Théodore de Banville, Françoise Sagan, Jean-François Josselin, Jean Dutourd ou Pierre Perret : elles deviennent libertines ou bien-pensantes, cyniques ou absurdes, à la morale inversée ou révolutionnaire, traduites en argot ou en franco-maghrebin, en créole ou en sabir, mise en prose ou en musique, ou encore déconstruites par Raymond Queneau et les écrivains de l’Oulipo...

« Cette somme lafontainienne restera sans doute comme l’une des contribution les plus avisées et utiles aux célébration du tricentenaire de La Fontaine. L’étudiant, le professeur de lettres, l’amateur, le curieux, l’amoureux de La Fontaine, vont maintenant disposer dans un même volume non seulement de l’ensemble des œuvres du poète, mais aussi de textes et de documents inédits ou peu connus (…) Cet instrument de travail se lira aussi, pour le plaisir, comme une biographie littéraire par les textes, maies une biographie vraiment littéraire : elle ne s’arrête pas avec la mort du poète. »

Marc Fumaroli, de l’Académie française, Extrait de la préface.

Presse

Le laboratoire de La Fontaine

De Voltaire à La Fontaine, un même principe pour André Versaille : donner à lire autrement une oeuvre qui est comme une boîte à surprises.
Cette saison ayant les couleurs de La Fontaine, André Versaille propose un ouvrage comparable en volume [au Dictionnaire de la Pensée de Voltaire par lui-même], mais différent par l’esprit.
Il s’agit cette fois de convier le lecteur à entrer dans le laboratoire de l’écrivain. La Fontaine n’est pas le résultat d’une génération spontanée. C’est un héritier. Pour aprécier pleinement son originalité, il faut avoir en tête les écrits dont il s’est inspiré. Ésope, Phèdre, Boccace et bien d’autres ont marqué le voyage qui l’a mené aux chefs d’œuvres que nous connaissons. D’où l’intérêt de les reproduire en traduction. Mais André Versaille à voulu faire plus.

Mchel Grodent, Le Soir, 6 décembre 1995

Un travail qui le mérite de montrer la véritable personnalité de La Fontaine

LE THÈME. – Toutes les fables, les contes, les nouvelles mais aussi Psyché et le Carnet de voyage dans le Limousin, beaucoup moins connus. Non seulement chaque texte est replacé dans son contexte historique, mais cette édition indique les auteurs ou les œuvres qui les ont inspirés, tout comme elle poursuit sa destinée jusqu’au XXe siècle.
L’AVIS DE LA « NR ». – Tout republier dans l’ordre chronologique ! André Versaille a accompli un véritable travail de bénédictin qui a le mérite de montrer la véritable personnalité de La Fontaine, fabuleux fabuliste, merveilleux raconteur et authentique intellectuel. André Versaille a suivi la route des successeurs jusqu’à « l’Oulipo » de Queneau.

L.L., La Nouvelle République, 7 décembre 1995

Ce livre ne ressemble à aucun autre

Oui, abreuvez-vous, désaltérez-vous, rafraîchissez-vous aux eaux toujours jaillissantes de La Fontaine. Et s’il est vrai que l’on a beaucoup publié de lui et sur lui à l’occasion du tricentenaire de sa mort, le livre que propose André Versaille ne ressemble à aucun autre par sa conception original et sa richesse confondante.
Me voilà bien enthousiasme ? Et bien oui. Ce gros ouvrage contient toutes les oeuvres de La Fontaine (hormis le théâtre), mais aussi… les sources auxquelles il a puisé (Ésope, Phèdre,Boccace, sans oublier Abstemius, Verdizotti, Camerarius, Poussines ni non plus Pilpay et Faerne), mais aussi… un large recueille de témoignages contemporains (Tallemant des Reaux, Louis Racine, Perrault, La Bruyère), mais aussi… des textes admiratifs ou critiques de Rousseau, Sainte-Beuve, Hugo, Gide, Cocteau, et d’autres plus inattendus comme l’entomologiste Fabre et le comédien Desproges, mais aussi… un florilège de plusieurs dizaines de pastiches et d’adaptations des fables, notamment par Paul Valéry (« Maître Cerveau sur son homme perché / Tenait dans ses plis son mystère »), Tristan Bernard (« Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre / Moralité : / L’un d’eux s’ennuyait au logis » ou Sacha Guitry (« Prudence, prudence, quand tu nous tiens / On peut bien dire : Adieu l’amour », Françoise Sagan ou Pierre Perret.

Dans la brillante préface où il résume son cours de l’an dernier au Collège de France, Marc Fumaroli salue la somme lafontainienne rassemblée par André Versaille comme « l’une des contributions les plus avisées et utiles » aux célébration du tricentenaire et à la connaissance d’un auteur « complexe entre tous et plus que tout autre enveloppé de légendes ». Il ajoute très justement que ce travail se lira aussi pour le plaisir, comme une biographie littéraire avec la particularité de ne pas s’arrêter à la mort du poète.
Rarement, en effet, on aura pu suivre par le seul effet du « collage » de témoignages et de textes, la survie d’un écrivain pendant trois siècles. Comme l’écrit magnifiquement Fumaroli, « L’élégance, dans les Fables, est la fine fleur intérieure de la sagesse et de la culture. C’est l’une des raisons qui ont fait le succès continu de cette œuvre littéralement « inspirée » elle est la pierre de touche infaillible non seulement des fêlures de l’âme, mais des faiblesse du goût. Elle est le joyaux de la « clarté française », dont elle a su faire ce « mystère en pleine lumière », auquel tout le XVIIe siècle a aspiré, comme à la rédemption de son Roi-Soleil ».

Il n’y a pas que les fables, bien sûr ! Il y a des épîtres, des contes souvent libertins, des textes sur l’Opéra, des discours à l’Académie française. Le survolant à l’issue de son travail de bénédictin, André Versaille prend de la hauteur et nous invite à partager sa contemplation extatique et joyeux du paysage lafontainien :

« L’œuvre se déploie à travers mille façons de raconter, mais, quoi qu’il écrive, nous le sentons bien, il nous parle, et son plaisir de rimer se double de celui de nous faire rêver.
Sans pathos ni emphase, à peine désabusé, il nous raconte des histoire cocasses, des drames, des contes scabreux, des fables narquoise et des aventures érotiques. Tour à tour tendre, grivois, enjoué, rêveur, enthousiaste, mélancolique, complice, insouciant, ou - sous un sourire bonhomme - âprement critique, La Fontaine est bien notre « Shéhérazade à perruque Louis XIV », comme l’appelle Claude Roy. Il nous conte ses mille et une nuits.
 »

Puissent ces mille et une nuits, cher lecteur, illuminer vos jours.

Jacques Franck, La Libre Belgique, 15 décembre 1995.

Un véritable travail de bénédictin

Une exposition à la Bibliothèque nationale de France et un livre signé André Versaille rendent hommage à l’auteur des Fables, dont on fête cette année le tricentenaire de la mort, en montrant combien sa postérité et sa notoriété s’entendent de l’Occident jusqu’à l’Orient.

« Il arrivera possible que mon travail fera naître à d’autres personnes l’envie de porter la chose plus loin. » Dans la préface à son premier recueil de Fables, La Fontaine ne croyait pas si bien dire. Jamais aucun écrivain ne fut autant pastiché. Dans ce domaine, La Cigale et la fourmi, fable elle-même inspirée d’Ésope, reste un modèle. Des anonymes érotiques de la fin du XVIIe siècle à la version de l’arabophone de l’humoriste Pierre Péchin qui en fait « la céggal é la foormi », ce texte a nourri les inspirations les plus diverses. En argot, en verlan, en sabir et jusque chez les plus brillants farfelus d l’Oulipo, OUvroir de LIttérature POtentielle fondé par François Le Lionnais et Raymond Queneau en 1960. Rien d’étonnant à cela.

André Versaille qui a fait un véritable travail de bénédictin en éditant les œuvres de La Fontaine mais en recherchant aussi les sources et la postérité, trouve la chose normale : « C’est par ce que les Fables sont inimitables qu’elles ont suscité des milliers de pastiches et d’adaptations. » Lui-même imitateur génial, La Fontaine s’est trouvé imité et plagié à l’infini. (…) Même le très sérieux Paul Valéry ne résista pas au plaisir de se laisser aller à un petit distique ironique sur l’air du Corbeau et du Renard.
« Maître Cerveau sur son homme perché
Tenait dans ses plis un mystère. »

Laurent Lemire, La Croix, 18 décembre 1995.

Pour pénétrer dans le laboratoire poétique de La Fontaine

La qualité et l’originalité de l’ouvrage résident dans la réunion en un seul volume de l’ensemble des œuvres (hormis le théâtre) du poète : pièces poétiques, odes galantes, ballades mondaines, lettres de voyage, élégies précieuses, satires, discours, épigrammes, épîtres… Les Fables et les contes sont accompagnées de la reproduction de leurs sources d’inspiration, textes d’Ésope, Phèdre, Boccace, Ovide, L’Arioste, et bien d’autres.
Placés dans l’ordre de leur rédaction, les œuvres de La Fontaine, caractérisés par la diversité et le mélange des genres, permettent au lecteur de saisir le poète dans sa progression et son univers de références, une « biographie littéraire par les textes », comme le précise Marc Fumaroli dans la préface, afin de découvrir l’homme de Lettres, poète précieux mais aussi conteur libertin, sous ses mille facettes.
Pour confirmer l’étonnante universalité de La Fontaine, le volume est complété par un large recueil de personnes célèbre sur le personnage (portraits et témoignages, jugements et analyses, textes admiratifs ou critiques surprenantes) ainsi que par un florilège de pastiches et adaptations de célébrissimes fables travesties ou encore déconstruites par les écrivains de l’Oulipo.
Tout un programme pour celui qui souhaite pénétrer dans le « laboratoire poétique » de La Fontaine !

Arlette Lemonnier, Le Peuple, 29 décembre 1995.

Un travail monumental

Dans la foulée d’un anniversaire amplement célébré, André Versaille signe un travail monumental, dont quiconque s’intéresse à La Fontaine ne peut faire l’économie. Toutes les œuvres connues à ce jour - lettres, poèmes, préface, fables, contes - de l’écrivain y figurent dans l’ordre chronologique de leur rédaction. Situés dans leur contexte et, pour les écrits de fiction, accompagné des textes qui leur ont donné source. Le tout assorti d’une préface de Marc Fumaroli et d’un appareil de notes qui éclairent tant la forme que l’esprit du temps. Après l’amont, l’aval : Versaille a ratissé tous les horizons pour recueillir les écrits qui, de près ou de loin, se réfèrent à l’oeuvre de La Fontaine. Critiques, jugements, exégèses, pastiches, adaptations dus à la plume de nombreuses générations d’auteurs, depuis les sarcasmes de Rousseau jusqu’aux fables malicieusement détournées, traduites en créole ou en argot, passés à la moulinette des jeux oulpotiens ou de l’humour beur. Un précieux outil d’érudition et de plaisir pour découvrir un écrivain aussi bien capable de disserter sur l’opéra que de ciseler plus de 600 vers à la gloire du quinquina.

Ghislain Cotton, Le Vif/L’Express, 19 janvier 1996